Autres sons de cloches !

mardi 30 mars 2021

 


AU NOM DE LA SCIENCE. LA SCIENCE PEUT-ELLE SERVIR DE GUIDE À NOTRE SOCIÉTÉ ?

Laurent Mucchielli - 29 mars 2021 


C’est au nom de l'autorité de la science que le gouvernement a depuis un an décidé de mettre sous cloche les processus démocratiques et certaines libertés fondamentales. Or la science n'est ni infaillible, ni incorruptible. Revenant sur plusieurs exemples marquants de 2020, cet article montre que, en réalité, c’est bien plus souvent la politique qui a influencé la science que l’inverse.

Épisode 47


Par Maxime LANGEVIN, diplômé de l’École Polytechnique, doctorant en mathématiques appliquées pour la chimie


* * *


La science est étouffée par une volonté de gain politique et financier. Le covid-19 a déchaîné une corruption étatique à grande échelle, néfaste pour la santé publique.” Cette déclaration fracassante, pointant du doigt une suppression - voire une instrumentalisation - de la science par un complexe médico-politique, semble être tirée d’une tribune complotiste. C’est en réalité un extrait d’un éditorial de la prestigieuse revue de médecine générale The British Medical Journal écrit par Kamran Abbasi. Quelles sont les raisons qui peuvent pousser un scientifique reconnu et respecté, qu’on ne pourra pas vraiment qualifier d’anti-système (il a notamment été consultant pour la NHS, l’OMS, Harvard et McKinsey and Co., et intervient régulièrement sur les ondes de la BBC), à tenir des propos aussi virulents?


La pandémie de covid-19 et les réactions des gouvernements ont propulsé la science sous le feu des projecteurs. En effet, la société française, comme de nombreuses sociétés occidentales, est depuis bientôt un an régie par des obligations, interdictions et recommandations prises au nom de la science par nos gouvernements afin de lutter contre la propagation du Sars-CoV-2, le virus responsable de la maladie covid-19. Malgré leur empiètement sur de nombreuses libertés fondamentales (liberté de se déplacer, de commercer, de se rassembler, par exemple) et leur caractère contraignant, ces mesures ont été globalement bien accueillies, ne donnant pas lieu à des mouvements de contestation majeurs ou bénéficiant d’une forte couverture médiatique. Ce constat montre que nos sociétés ont temporairement accepté de subordonner leurs principes fondamentaux aux injonctions de la science, dans l’idée de garantir leur sécurité. La science, qui désigne à la fois la méthode scientifique (méthode permettant d’accéder au savoir, basée sur la confrontation entre observations, hypothèses et théories, prédictions et expériences) et l’ensemble des connaissances acquises par la communauté scientifique au travers de cette méthode, est souvent perçue comme un ensemble de connaissances objectives, privées de biais, et tournées vers l’amélioration de notre société. De par son caractère objectif, si la science recommande de contrevenir aux principes fondateurs de nos sociétés pour notre sécurité, il semble raisonnable d’accepter cette recommandation.

Cependant, avons-nous raison de prôner la subordination de nos sociétés à une autorité scientifique? La science peut-elle nous servir de guide pour décider de nos actes? L’idée que la science puisse guider le pouvoir politique néglige cependant le fait que celle-ci, pratiquée et diffusée par des êtres humains faillibles, est aisément corruptible, et qu’il puisse arriver que l’idéologie qui prétend suivre la science est en réalité en train de la manipuler pour justifier ses desseins politiques: ainsi, la science fut utilisée pour justifier les politiques eugénistes et racistes dans l’occident du XXème siècle, depuis la campagne Aktion T4 jusqu’aux expériences de Tuskegee. Cela ne signifie pas que la science est inhéremment mauvaise, ou ne peut servir d’aide à la décision politique. Cela signifie simplement qu’une décision n’est pas nécessairement ni juste ni bonne parce qu’elle est appuyée par la science et ses représentants. Ces leçons amères auraient dû nous enseigner que le simple appui de la science à des décisions ne peut prévaloir totalement sur le respect par celles-ci d’autres valeurs, notamment le respect de certains droits et libertés fondamentaux.


La corruption de la science peut s’immiscer à toutes les étapes de production et diffusion de savoir scientifique - production des données, publication dans des journaux, diffusion dans les médias, et manipulation par le pouvoir politique. L’objectif de ce texte est de présenter certains des exemples de corruption de la science depuis le début de la pandémie de covid-19, afin de mettre en lumière les limites, pour une société, de la démarche qui consiste à subordonner des valeurs et principes fondateurs à une direction qui lui serait donnée par la science... (Extrait de l’article)


Voir l’article complet ici : 

https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/290321/au-nom-de-la-science-la-science-peut-elle-servir-de-guide-notre-societe?utm_source=facebook&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-66&fbclid=IwAR2V2bEWz1MkCbe6hFHZ6c4syTAfYSNweVUshRS5KbtLxgBzGrWtEAxFo_4


Source de l’illustration :

http://loupcellard.com/numi_light/#/2







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.